Les métabolites secondaires fongiques, médiateurs au carrefour des santés

Responsabilité scientifique :

Soizic PRADO

Partenariat :

CNRS

Descriptif :

L’émergence de la résistance aux antimicrobiens chez les bactéries et champignons pathogènes des animaux est un problème alarmant. Il est donc important de s’attaquer à la résistance aux antimicrobiens en développant des mesures de prévention, en améliorant les outils de diagnostic, en gérant mieux l’utilisation des antimicrobiens, mais aussi en développant des méthodes alternatives de lutte et en recherchant de nouveaux antimicrobiens actifs contre les agents pathogènes déjà résistant à tout notre arsenal disponible.
Les champignons ont révolutionné plusieurs fois la médecine moderne au siècle dernier notamment avec le premier antibiotique (pénicilline, toujours la classe d’antibiotique la plus utilisée) et le premier immunosuppresseur (cyclosporine). Ces métabolites fongiques présentent un large éventail d’autres activités biologiques, incluant notamment des antiviraux, des antimycosiques, des phytotoxiques, des entomotoxiques et des anticancéreux, les positionnant ainsi comme des molécules phares pour diverses applications pharmaceutiques, industrielles et agronomiques. A l’inverse, certains métabolites secondaires fongiques, dits mycotoxines, posent des problèmes sanitaires et sont régulièrement à l’origine de graves intoxications chez les animaux mais également aussi parfois chez l’homme.
Compte tenu de la vaste diversité d’espèces de champignons et de leur faculé à produire de nombreux métabolites secondaires, ces composé fongiques sont une source inégalable de potentiels médicaments, notamment des antibiotiques. Ainsi, la découverte de nouvelles entités chimiques avec de nouveaux modes d’actions constitue également une alternative prometteuse aux problèmes de résistance rencontrés au sein des santés animale, humaine mais également des ecosystèmes.
Cependant, le premier rôle des métabolites secondaires de champignons est d’ordre écologique. Ainsi certains de ces métabolites secondaires agissent comme des facteurs de virulence chez les champignons pathogènes des animaux et des végétaux, alors que d’autres sont à même de protéger leur hôte de stress biotiques ou abiotiques. La plupart de leurs rôles écologiques ou de leurs impacts sur l’environnement sont néanmoins encore très peu connus malgré des risques toxiques ou infectieux associés importants pour l’homme, les végétaux ou encore les animaux. Ainsi, mieux connaitre le rôle écologique des médiateurs fongiques, leur mécanisme de production, mais également leur régulation sous l’effet de différents stress biotiques ou abiotiques, permettrait de mieux appréhender leur impact sur la santé des écosystèmes, animale et humaine.
Les progrès récents en bio-informatique couplés à l’accès à un nombre continuellement grandissant de génomes séquencés de champignons ont permis de mettre en évidence que les champignons possèdent beaucoup plus de voies de biosynthèses que de métabolites secondaires connus, démontrant qu’ils restent une source de nouvelles molécules largement sous-exploitée. Ces progrès s’accompagnent également de nouvelles méthodes sensibles de détection in situ et d’identification de leur nature chimique qui s’appuient notamment sur les progrès récents de la chimie des produits naturels.
Par conséquent, il est essentiel d’employer des approches transdisciplinaires et intégratives pour mieux décrypter leur biosynthèse, leurs rôles et leurs impacts mais également, et surtout, afin de pouvoir optimiser leur production à grande échelle et envisager leurs applications.
Ainsi, l’objectif de cette manifestation est de rassembler des scientifiques d’horizons différents, biologistes et chimistes, s’intéressant tous aux métabolites secondaires de champignons, afin de leur donner l’opportunité de partager leurs connaissances et leurs compétences, et de s’ouvrir à de nouvelles hypothèses, méthodologies ou collaborations dans un contexte le plus intégratif et holistique possible.